“Démocrite” de Salvatore Rosa (Musée du Louvre)
” J aime le jeu, l’amour, les livres, la musique, la ville et la campagne, enfin tout; il n’est rien qui ne me soit souverain bien, jusqu’au sombre plaisir d’un coeur mélancolique “. J’ai fait mienne cette profession de foi de La Fontaine. Et s’il sera question de mélancolie ce mois-ci, il ne s’agira pas de la bile noire redoutée par les anciens mais plutôt de cet ” état de tristesse vague accompagné de rêverie “ donné par le Larousse.
Maintenant, un peu d’histoire. Les Abdéritains firent appel il y a très longtemps à Hippocrate pour soigner Démocrite qui, éloigné de tous et confiné dans l’étude, riait tout seul. Après l’avoir examiné, Hippocrate considéra que le solitaire était sage et que le véritable malade était la collectivité. Dans son livre magistral, “L’encre de la mélancolie” (2012), Jean Starobinski complète : “le mélancolique apparait comme le plus apte à éprouver le sentiment du sublime, mais aussi comme celui qui est , ajoute Kant, “à l’égard de lui-même et des autres un juge sévère … et il n’est pas rare qu’il soit insatisfait de soi aussi bien que du monde””.
Après cette introduction savante, nous nous pencherons sur quatre insatisfaits, d’eux-mêmes et du monde qui les entoure : François Weyergans qui n’arrive pas à écrire, Antonio Carlos Jobim qui sait que le bonheur ne dure jamais, Joseph Sudek qui préfère observer le monde derrière sa fenêtre et, pour conclure, une hôtesse de l’air associée à un prêteur sur gages, convaincus tous deux d’avoir raté leur existence dans un monde profondément injuste.
Courage ! … c’est parti !